Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Preux-Chevalier
15 janvier 2007

T. ou les dimanches de la vie vraie (1)

Tout a commencé vendredi soir dernier par un apéro tellement puissant que je me suis endormi sur le canapé tout habillé. Ayant ouvert les yeux à quatre heures du matin et découvrant un sac de couchage qui m'avait été négligemment jeté dessus, j'ai pu me rendormir dans de meilleures conditions. Le réveil ne fut pas très difficile mais au sein de mon crâne retentissait le son de cinquante cloches sonnant à toute volée. Ouh la la, le samedi fut donc totalement consacré au repos et à une diette nécessaire.

Le dimanche fut le meilleur jour du week-end. Levé à midi (incroyable!) je n'eus que le temps d'avaler une assiette de poulet basquaise avant que mon fameux portable noir ne retentisse : "Salut c'est T. Tu fais quelque chose cet après-midi? Moi je suis aux Invalides en train de profiter du soleil et de la douceur. On se rejoint quelque part?"

Vu la journée magnifique qu'il faisait hier, ce fut avec une célérité remarquable que je me rasais et enfilais ma paire de baskets pour aller me balader en ville avec mon conseiller littéraire, comme j'aime à le surnommer. On avait fixé notre rendez-vous sur la passerelle Solférino qui est un merveilleux endroit pour prendre le soleil à Paris. C'est là que nous assistâmes au rituel peu commun d'une femme - vraisemblablement dérangée - qui consistait à parcourir le pont dans toute sa longueur dans un perpétuel mouvement d'aller et retour. La précision chronométrique avec laquelle était effectué ce mouvement nous a laissé pantois même si T. a bien tenté de la détourner de sa route en s'asseyant au beau milieu de sa trajectoire tout en faisant mine d'être absorbé par le pavé qu'il lisait. La femme au comportement bizarre ne fit que dévier d'un mètre pour l'éviter puis retrouva sa première direction comme si elle suivait avec une précision diabolique une ligne imaginaire ou peut-être bien réelle que nous autres humains n'arrivions pas à discerner. T. finit par en conclure qu'il s'agissait probablement d'un corps de femme possédé par une force extraterrestre. Je fus d'accord avec lui mais le but de la mission alien nous échappa par contre totalement...

Errant par la suite sur les quais, furetant dans les casiers des bouquinistes à la recherche de livres rares ou à se conseiller, T. craqua pour une B.D. intitulée Le Retour à la terre de Manu Larcenet & Jean-Yves Ferri. Très bel ouvrage dont le libraire nous vanta la qualité quoique T. le sût déjà. Le type très sympa en profita pour échanger quelques mots avec nous (enfin surtout avec son confrère) tout en regrettant amèrement la conjoncture qui l'empêchait d'embaucher un spécialiste alors qu'il en avait justement besoin. Il est affligeant de constater à quel point les gens qui cherchent du boulot n'en trouvent pas alors que des postes seraient à pourvoir si les petits employeurs en avaient les moyens financiers. La culture est déjà un produit de luxe mais il devient un luxe d'oeuvrer pour la culture! C'est sur ces considérations que nous arrivâmes à la hauteur du Pont Louis-Philippe.

(à suivre...)

Publicité
Commentaires
Derniers commentaires
Publicité
Archives
Preux-Chevalier
Publicité