Castelomanie

Ce dernier dimanche de Pâques, je ne mangeais absolument aucun chocolat, à cause d'un régime sec que je me force à respecter, ayant frôlé d'un peu trop près la barre fatidique d'une suite binaire (1.0.0.) pesant lourdement sur ma personne. Donc, j'étais parti en vadrouille avec mon ancien collègue et fidèle ami Lee (alias Minos, alias Stéph) qui partage la même passion que moi pour les châteaux. Après tout - au-delà de mes propos galants et des poésies certes parfois un brin ringardes mais toujours empreintes d'une profondeur de sentiments difficilement mesurable par ceux qui demeurent insensibles à la moindre once de romantisme savamment distillée sur ce blog - après tout, dis-je, le duo de mots "preux chevalier" renvoie forcément à toute une iconographie médiévale parsemée de gentes dames, d'amour mais aussi de châteaux-forts. Ceux que je choisis de visiter ne sont pas nécessairements "forts", bien que leur aspect massif et militaire ait toujours exercé sur moi une fascination qui ne s'est jamais démentie depuis l'enfance. Oui, j'affectionne l'architecture militaire. Je l'avoue. C'est un peu une part de mon jardin secret que je vous livre aujourd'hui. Cette puissance émanant de hautes et épaisses murailles m'a toujours impressionné. De même que les souterrains ou les cavernes, autre passion qui m'a conduit à parcourir les grottes les plus grandioses du sud de la France ainsi que le moindre gouffre planqué au fin fond de la garrigue et n'apparaissant parfois sur aucune carte (m'octroyant alors l'agréable souvenir d'avoir parcouru un endroit presque vierge). Un jour, j'ai même réussi à synthétiser ces deux passions, tout aussi incroyable que cela pût être. Prenez des souterrains en béton armé d'au moins 3 mètres d'épaisseur, enterrez les bien profond et donnez leur une vocation défensive voire de verrou statégique et vous obtenez la Ligne Maginot. L'un des ouvrages humains les plus impressionnants qu'il m'ait été donné de visiter, en différents endroits de l'Alsace ou de la Lorraine. J'avais pourtant déjà mis les pieds, autrefois et de manière privilégiée, dans une centrale nucléaire (je me souviens encore du portique de détection dont l'alarme se déclencha à cause de ma boucle de ceinture) et dans une mine de charbon...

Pardonnez-moi si je m'égare. Mon propos n'est pas de vous entrainer sous terre ni dans de glauques endroits. Je tenais simplement à vous faire découvrir un charmant château situé dans le département de Seine-et-Marne (77), dans un petit bourg nommé Ferrières-en-Brie, à une trentaine de kilomètres à l'est de Paris.

Edifié de 1855 à 1859 à la demande du baron James de Rothschild, fondateur de la branche française de la célèbre famille de banquiers, le style du château de Ferrières s'inspire de la Renaissance italienne telle qu'on se l'imaginait au 19ème siècle. L'architecte de ce magnifique bâtiment se nommait Joseph Paxton, célèbre pour avoir conçu le Crystal Palace de Londres. L'atout majeur de ce château, en dehors de la beauté de sa façade, réside dans son vaste parc à l'anglaise réputé pour être l'un des plus beaux de France (et je confirme qu'il surpasse le jardin anglais du Hameau de la Reine à Versailles). Ce sont des atouts qui lui confèrent un côté romantique tout-à-fait remarquable. J'ai goûté un plaisir absolument délicieux à errer dans ce parc entre des arbres majestueux et fleuris issus des quatre coins de la planète. Avec pas moins de 60 essences différentes, étiquetées afin que le visiteur puisse s'instruire devant des noms aussi évocateurs que séquoia géant (planté par Napoléon III en 1862), bouleau pourpre, cèdre de l'Himalaya ou épicéa du Colorado, la promenade dans cet espace merveilleux tient davantage du rêve que de la réalité, si bien que je me suis assoupi sans gêne sous les majestueux branchages d'un chêne rouvre.

Ah que la nature est belle, ainsi panachée par l'homme qui en révèle ainsi toute la splendide variété!

Différents points de vue du château de Ferrières qui sert également de cadre à des tournages de film.
D'après la conservatrice des lieux qui nous fit la visite, un remake du Da Vinci Code y serait même prévu...