Les nénuphars du cœur

Nénuphars sur les étangs de Ville d'Avray, août 2009.

Tourmenté jour et nuit par l'éclair fugace de cette rencontre inattendue du 23 août dont je pensais qu'il s'agissait d'une illusion de mon esprit, je pris donc la décision d'évoquer cette vision à mon cousin qui m'accompagnait ce jour là dans le parc que nous traversions pour rallier, à pied, le domaine du Roi-Soleil. Je n'eus pas besoin d'insister. Il se souvenait parfaitement de cette rencontre.
Si je devais restituer ses paroles, ce serait en ces termes énoncés pendant le festival Rock en Seine : "Oui ! J'ai effectivement vu une blonde vêtue d'un short et assise dans l'herbe,  auprès d'un homme qui devait être son mari. Je l'ai regardée effrontément, ne pensant pas un seul instant que toi, mon Preux, tu pourrais la connaître. J'ai vu qu'elle te fixait mais, sur le moment, je n'y portais guère attention..."

Et moi aussi j'avais croisé ce regard, qui fit naître en moi un sentiment d'appréhension auquel je ne m'attendais pas. Aurais-je dû stopper mes pas, me poster devant elle et lui adresser la parole ? Il est beau de rêver à ce moment de réconciliation tant attendu qui ne viendra jamais ! Et pourtant, je l'avais là, devant moi... Isabelle, l'ultime beauté de mon cœur à jamais fané ! et j'ai préféré la fuir, partant au loin, avec la célérité d'une diligence sur la route de Versailles, effréné et sans oser me retourner... Par peur de remuer le passé d'un amour trop violent, d'un amour qui transcende le temps, d'un amour qui brisa ma vie, d'un amour qui me laissa anéanti.

Et elle ? M'a-t-elle reconnu ? Que de souvenirs douloureux ravivés en un instant...