Divan le terrible

J'attendais ce moment depuis très longtemps. Il a fini par avoir lieu hier, dans le bruit, la sueur et les "Attention à tes doigts !". Il résistait depuis bien trop longtemps. D'ailleurs, j'avais parfois l'impression qu'il me surveillait et qu'il me narguait avec son plaid en crochet de couleur orange, marron et jaune (impossible de trouver un truc plus laid). Cette saloperie était devenue si lourde et déglinguée qu'elle en était devenue intransportable. Nous nous sommes donc jetés dessus, comme de furieux serial killers, l'attaquant d'abord à coup de tournevis pour finir par un découpage en règle à la scie électrique... Le canapé est mort dans d'atroces souffrances et notre impatience prit fin d'un seul coup, lorsque nous contemplâmes le monceau de pièces métalliques, de mousse et de tissu jonchant la cour de la maison. Je me souviens qu'il fut le premier mobilier sur lequel je fus photographié étant enfant (juste après avoir quitté mon berceau) mais n'en éprouve nulle nostalgie. Au revoir, divan de mes jeunes années, supplice des vertèbres fatiguées, échafaud des invités éméchés, pilori d'un preux endormi... Tu as fini par l'avoir ta retraite d'immondice !