Verte escapade

Il n'y avait pas de plages sablonneuses, hier dans le Parc de Saint-Cloud, mais tout de même quelques personnes nonchalamment allongées sur les pelouses profitant des premiers rayons chaleureux d'un soleil quelque peu en retard par rapport à l'année dernière. Si l'on en croit les scientifiques, la fonte de la calotte glaciaire s'est encore accélérée cette année et nous risquons d'avoir des surprises en fin de semaine prochaine. Quoi qu'il en soit, cela faisait bien quelques mois que je ne m'étais baladé dans mon parc favori. J'avais besoin de lumière et de calme et j'en ai eu ma dose. Etant donné que ce sont les vacances scolaires, l'endroit était relativement calme et je trouvais un coin bien tranquille au fin fond du parc alors que j'atteignais la bordure de Marnes-la-Coquette, jolie petite bourgade huppée nichée entre le Domaine de Saint-Cloud et la forêt de Fausses Reposes. J'avais promis, dans l'un de mes articles, de créer un album photo recensant les jolis coins autour de la capitale : il est en cours de création et je l'alimenterai progressivement (les beaux jours favorisant la prise de photos). Ce qu'il est intéressant de savoir, c'est que, à quelques kilomètres de Paris, on puisse trouver quelques refuges champêtres et comme épargnés par le temps. C'est en songeant à tout cela, cheminant sous les frondaisons vert pomme d'essences renaissantes, que je remarquais quelque chose de curieux sur l'un des troncs que j'apercevais du coin de l'oeil. Des graffitis datant d'au moins mai 68 étaient encore visibles, taillés au couteau dans l'écorce des vénérables arbres. Les inscriptions étaient encore incroyablement visibles et ce n'étaient pas des falsifications. Je vous laisse juger sur pièces :

Remarquez les inscriptions datant de 1959 en haut...

On peut lire "Ici Poulet a dormi" et en dessous, repérez les symboles communistes : la faucille et le marteau, l'étoile, que l'on distingue mieux sur le détail suivant : Hallucinant non ?

Mais il y avait aussi beaucoup d'humour :

"Sophie est une andouille farcie" clame cette phrase datant du 1er avril 1974 !!!

Et l'amour dans tout ça ?

Il est omniprésent. Voici un coeur transpercé d'une flèche, le vieux poncif des amours de jeunesse... J'aimerai bien savoir si ces amoureux sont toujours ensemble. Car qui y croit encore ? L'amour véritable peut-il survivre dans le coeur de l'homme ou de la femme alors qu'il survivra dans celui de l'arbre pendant peut-être des siècles ? C'est sur cette question tracassante que je décidais de quitter le parc, renâclant à l'idée de retrouver la ville.